Les sentiments, mosaïque inconsciente
Ouverture
Points de repère : Le sentiment : Ensemble cohérent, fruit de l’inconscient.
L’expression du sentiment : Détermine une attitude face à une situation.
Il m’est apparu intéressant de faire partager à mes amis la notion philosophique et psychologique du « Sentiment » qui m’interpelle depuis plusieurs années. A la suite d’une longue réflexion, je me suis laissé aller à penser que comme rien n’est du au hasard dans la vie, il en était de même pour les sentiments.
La résultante de ce que l’on ressent face à une situation donnée pourrait être la somme d’éléments profondément cachés n’ayant pas de lien entre eux du moins dans une analyse superficielle. A charge pour moi de montrer qu’un tout est un ensemble mais qu’un ensemble n’est pas un tout. Cette formule qui semble naïve au premier abord ne l’est en fait pas, car elle caractérise de façon large l’étude en profondeur que l’on est susceptibles de faire sur nous mêmes après quelques années passées ensemble.
La manifestation du ressenti ne serait alors que la somme d’éléments inconnus mais pas tout à fait neutres que l’on pourrait appeler pensée inconsciente ou raisonnement inconscient.
En effet, imaginerait-on un seul instant qu’un « concept sentimental » ne soit qu’une finalité en lui même, c’est à dire autosuffisant, de telle manière qu’on ne pourrait le définir qu’au premier degré. Un sentiment s’exprime ou se manifeste, mais il est vraisemblablement l’extériorisation (projection) d’un moi beaucoup plus profond, érodé et poli dans les différentes couches et strates de notre réflexion et de notre instinct.
En un mot, l’expression, le ressenti personnel d’un instant ne serait en fait que l’aboutissement d’un état déjà fixé et conditionné auparavant.
Je vais au gré d’une quête intérieure et introspective au sens analytique du terme, c’est à dire tout sauf une remise en question mais au contraire, essayer d’établir des ponts entre ensembles cohérents et incohérents qui pourraient devenir un tout subtil, ce tout subtil qui n’est que l’expression du sentiment.
Cette recherche, revient à combattre des certitudes car il est bon d’être rassuré et de trouver des explications à travers des références connues qui sont celles de notre culture et de notre passé d’homo sapiens. Il est tout a fait naturel d’exprimer des émotions face à des circonstances qui forcément demandent une réaction. Qu’elle soit comme je l’ai dit plus haut, instinctive ou conditionnée.
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Le chemin le moins fréquenté.
Point de repère : La solution à un problème ne passe pas forcément par la solution la plus rationnelle
Il est caractéristique de voir le schéma auquel l’on se rattache lors d’une dépression sentimentale grave, et là je ne parle évidemment pas d’amour, mais du concept de sentiment. On se rattache alors à des situations vécues et connues qui présentent l’avantage d’avoir été gérées. Bien ou mal d’ailleurs. Ceci procure un certain confort dans l’acceptation de la situation ou bien dans l’acceptation d’un schéma connu. Comment peut-on rationnellement imaginer que l’on aille vers la difficulté pour solutionner une situation déjà connue et non pas que l’on aille au plus simple en utilisant des solutions qui semblent évidentes.
En quelques mots simples, cela veut dire que le chemin que nous allons emprunter est celui de la difficulté parce que nous le connaissons, alors que nous savons pertinemment qu’il en existe un autre plus facile mais que nous ne connaissons point.
Peur de l’inconnu, peur du vide intellectuel ou tout simplement, conditionnement psychologique qui nous pousse à déterminer inconsciemment quelle sera l’attitude que nous allons adopter.
Voici deux éléments importants, la réaction face à l’inconnu et sa façon de le gérer qui nous amènent dès lors à nous interroger sur les profondeurs de la pensée et la réaction de sa raison face à des problèmes qui semblent simples de prime abord.
Le lien fondamental entre la réaction, l’acceptation et la gestion du sentiment n’est probablement qu’inconscient, il obéit à des rites, à des lois psychologiques qui nous dépassent pour peu que nous ne nous y arrêtions pas un instant. Il y a une espèce d’addiction envers l’attitude adoptée face à une névrose qui dépasse le schéma mental traditionnel.
D’aucun dirons que le cœur à ses raisons que la raison ne connaît point, trop facile, explication simpliste pour définir une attitude qui semble incompréhensible, mais qui je pense mériterait une analyse pertinente. De multiples indices sans rapport les uns avec les autres, qui si on les rassemblent, peuvent donner un début de solution en tenant compte du caractère névrotique de l’individu. En effet le détail sur lequel l’on va passer tant et tant de fois, mais néanmoins répété fini par avoir une signification redoutable et qui s’il est analysé de façon profonde va nous amener à un début de solution.
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Points de repère : La solution à un problème ne peut être qu’une solution personnelle.
Le sentiment est donc une analyse inconsciente de certains critères.
A ce moment de ma réflexion, il m’est nécessaire de prendre un exemple qui me vient tout naturellement, c’est l’orgueil. Tout le monde connaît évidemment l’orgueil, nous sommes tous orgueilleux, de façon plus ou moins importantes, mais de facto, nous le sommes.
Réfléchissons, sommes nous orgueilleux ponctuellement ou sommes nous orgueilleux naturellement, je n’insisterai pas sur la fonction naturelle de l’orgueil qui est en fait un état nécessaire à la survie de l’espèce, une espèce de garde fou qui vaut certainement de nombreuses études par ailleurs. Intéressons nous plutôt à l’orgueil ponctuel, celui qui se manifeste de temps à autre, et aussi à de multiples occasions lorsque notre ego est mis en avant.
Sentiment de plénitude, de satisfaction jouissante, de résolution du personnage qui à ce moment existe véritablement.
Mélanie Klein a donné un début d’explication qui depuis a d’ailleurs été battu en brèche, c’est à dire que chaque sentiment a son double bon et mauvais, par exemple, envie et jalousie, passion et amour, orgueil et fierté, nous y voilà.
Pour Mélanie Klein, l’orgueil ne serait que la manifestation pervertie de la fierté. Certes, mais alors pourquoi le sentiment est-il perverti, pourquoi une telle déviance, il n’existe pas de raison fondamentale qu’un sentiment qui est de par son essence même la manifestation de l’être soit assimilé à une notion cartésienne et rationaliste susceptible de déviance. Un sentiment est un tout, il n’obéit qu’à une seule règle qui est celle de notre inconscient.
Personnellement, je crois en une graduation inconsciente de l’orgueil dont la fierté serait la culmination positive. L’orgueil n’est pas un tout, il est la conjonction de plusieurs éléments inconscients correspondant à des états transitoires dont l’aboutissement est le sentiment d’orgueil.
En effet la même circonstance ne produira pas le même effet chez chacun d’entre nous, ceci pourrait être la démonstration que l’ensemble des critères inconscients qui constituent l’orgueil n’ont pas la même finalité et donc que le sentiment final n’est le fruit que de l’analyse effectué par l’individu selon ses critères personnels.
Ceci serait donc valable pour tous les sentiments et de ce fait, l’échelle des sentiments serait balayée car elle n’aurait plus d’existence réelle car elle correspondrait à la synthèse personnelle qu’en fait chacun.
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Le chemin introspectif
Point de repère : Une étude introspective permettrait de se conditionner car l’on connaîtrait alors son inconscient ou tout du moins ce qui l’alimente.
Auguste Comte disait que faire une introspection c’était « de se mettre au balcon et de se regarder passer ». Comprenons bien, il ne s’agit pas là de se remettre en question ou d’analyser ses sentiments ce qui par ailleurs est louable et permet de progresser ; mais de pénétrer très profondément son « moi » afin d’en tirer une quintessence analytique.
Ouvrons juste une parenthèse pour justifier l’emploi du mot « introspection », nous avons trop tendance à utiliser le mot « introspection » d’une façon empirique, à l’occasion d’une remise en question, lorsque l’on examine sa conduite, son attitude dans tel ou tel cas. Nous employons alors "introspection ".
L’introspection ce n’est pas cela, l’introspection est une méthode psychanalytique qui consiste soi même, sans l’aide d’une quelconque assistance à descendre dans les tréfonds de son subconscient afin de déterminer et de découvrir des « ponts » qui feraient la liaison avec le conscient c’est à dire le moi.
C’est un exercice extrêmement difficile et périlleux qui n’est pas à la portée de tout le monde, et dont la réussite est subordonnée à une grande connaissance des méthodes d’analyse. La parenthèse est refermée.
Dans le chemin introspectif du sentiment, il faut arriver à un véritable effondrement des barrières du surmoi, c’est la sublimation du sentiment.
La finalité de ce chantier est d’essayer de montrer qu’un sentiment n’est pas un concept, n’est pas un tout, mais qu’au contraire il est la somme d’éléments qui pris un par un n’ont pas de cohérences positives mais qui au contraire si l’on savait les mettre en ordre et leur apporter une signification s’assembleraient pour former un état dit : sentimental.
Il y a dès lors par exemple, une relation entre la recherche maçonnique de la perfectibilité du moi et la recherche analytique , je m’en explique : lorsqu’un patient déprimé va voir un thérapeute, il aspire à redevenir comme avant , comme lorsqu’il était bien, l’inconscient sait lui que c’est une gageure et que quoi qu’il advienne le retour en arrière est impossible, la mémoire de l’esprit est ainsi faite qu’elle n’a de limite que dans le temps, sa puissance n’est pas circonscrite dans un périmètre figé, elle est sans limite.
La perfection de soi que recherche le maçon est aussi sans retour en arrière, elle est…, le maçon ne la contrôle pas.
Nous sommes donc partis d’une certaine définition du sentiment, d’une attitude face à l’expression du sentiment, donc de la mosaïque inconsciente qui fabrique le sentiment.
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Conclusion
L’expression d’un sentiment ne serait qu’une mosaïque d’éléments inconscients polis tout au long de notre vie. Cela serait un début d’explication à l’attitude différente que l’on adopte lorsque l’on est face à un problème que l’on doit gérer.
En effet chacun accumule des expériences inconscientes et variées qui ne produisent pas au final la même attitude devant le même problème. Ce qui fait dire : je ne comprend pas sa réaction, son attitude.
A charge pour l’analyste de découvrir quels sont des éléments inconscients qui produisent l’angoisse névrotique et surtout savoir établir un schéma qui pourra prévenir le patient en lui faisant connaître ses complexes refoulés.
Mes amis quel est le bien inaliénable qui fait notre richesse profonde et que la mort seule peut nous retirer? C’est notre appréhension à la vie. Cela veut dire que tout être humain possède une richesse, c’est lui. Alors évidemment ça peut sembler simpliste comme conclusion, mais si l’on réfléchis à la construction de l’homme par lui même, on s’aperçoit qu’il ne peut intervenir sur l’inconscient et que par conséquent cela devient sa richesse inaliénable, sa personnalité, j’allais dire son capital désespérément présent.
J’ai toujours l’habitude de terminer mes travaux par une citation, je vous en livre une : Les détours sont souvent les chemins les plus directs (C.Yung)
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