Désespoir
Bousculé comme une balle de flipper, rebondissant sur les plots de l’échec encore et encore, je ne sais plus où je suis et pourquoi j’existe, toutes les valeurs qui cimentaient la base de mon équilibre ont volées en éclat. La désespérance n’est pas un leurre, elle existe vraiment, l’envie de se retrouver avec les déçus de la vie au bord d’une mer grise stigmate de la tristesse infinie qui m’a envahie.
L’impression de vivre une histoire sans fin, avec l’être aimé blotti dans mes bras attendant l’avènement d’une aube de bonheur qui n’arrivera jamais. Il ne s’agit pas de compatir, je veux rester solitaire avec elle, compagne d’infortune et, ectoplasme corrompu, double nécessaire et vital sans lequel ma déchéance n’existe plus. Il faut comprendre que je ne peux rester isolé dans mon errance, j’ai besoin d’elle pour me conforter dans mon chagrin et dans ma peine, car elle n’est pas réelle sinon dans mon esprit malade.
Le désespoir comme raison d’être, comme but, comme but ultime de ma vie déjà perdue, le désespoir marque de fabrique du vide qui m’a pénétré. Je suis seul, je ne cherche pas à me donner en spectacle et encore moins à provoquer la pitié. L’impression de vivre un moment fort qui satisferait mon ego ravagé par la douleur. Parce qu’il y a une satisfaction pernicieuse et sadique cachée derrière l’état de pulsion morbide dans laquelle j’erre.
Pourquoi cette sensation de tristesse où plus rien n’a d’importance, ce désir d’en finir une fois pour toute avec ce traquenard de la vie qui m’empoisonne ; alors les bourgeois commenteraient : J’avais tout pour réussir, l’argent, le bonheur et plus encore. C’était sans compter avec cet esprit dévasté par la négation de tout positivisme, impression de sentir le plafond bas de ma raison hantée par le désir de devenir le héros de ma propre perte. Personne, non personne ne pourra jamais comprendre cette sensation d’échec cruel qui vous prend au creux de l’estomac et qui remonte dans des torrents de larmes où seuls peuvent se glisser ceux qui partagent la même désespérance.
Signification basique et primaire de celui qui n’a jamais été compris et rejeté par la société, jamais aimé pour ce qu’il était lui qui avait tant besoin de se prouver qu’il était lui, différent des autres. Descente aux enfers, juste retour des choses pour celui qui n’a pas les moyens d’exister en tant que lui-même.
Nécessité absolue de trouver ce double qui va le réconforter et le convaincre qu’il n’a pas sa place dans l’espace qui lui est dévolu. Rester dans cet enfermement intellectuel. Esprit désorganisé qui cherche désespérément un bonheur impossible car l’échiquier des sentiments lui est si particulier et si personnel, satisfaction démente d’un état qui demanderai une recherche infernale de l’inconscient absent, de cette volonté argumentée seulement du côté face et qui néglige le côté pile.
Ronde infernale de l’esprit sur des routes pluvieuses et glissantes qui ne mènent à rien sinon à un but traitreusement salutaire, celui de l’infinie glissade vers les champs clos du sommeil éternel. Suis-je ainsi perdu dans l’immensité du vouloir être ? Je le suis car il n’est aucune sortie possible de ce rêve qui a pris le pas sur la réalité de la vie. Je sens que je bascule dans l’univers implacable d’une finalité sans fin qui me réduira à accepter à jamais mon pauvre moi-même.
Dois-je tant souffrir et tant espérer, contradiction douloureuse entre souffrance et espoir, je ne peux pas souffrir et penser que je vais guérir car je ne veux pas guérir, guérir signifierait la perte du peu de raison malsaine qui me reste et me ferais retomber dans un stoïcisme hypocrite. Drame, tristesse et désespoir sont les trois états qui me permettent de vivre cette vie perverse qui s’enfuira avec le temps. La puissance des sentiments qui m’animent a corrompu la pensée critique qui était le moteur d’une vie bonne. Je ne partage plus rien et surtout pas ce feu brulant qui m’anime et me conduira je le sais dans le tartare nauséabond d’une fin égocentrique.
Telle est ma vie, inique souffrance et douceur perverse d’un rêve éveillé.
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